Vous pouvez modifier les pages (ci-dessous)
à partir du menu: Editeur de pages

Le non-journal d’un vivant

 

 

Des corps, des visages, des lieux, des instants, des envies, des obsessions. Rêves ou réalités ?

 

Et le temps qui file à toute allure.

 

La peinture et le dessin m’offrent une liberté que je chérie plus que tout. Il y a quelque chose de divin et d’absurde à la fois. Je ressens cela chaque jour. Les images je ne les cherche pas, elles viennent à moi. Certaines s’ancrent plus profondément et je m’y confonds. La réalité je ne peux pas m’empêcher de la vivre comme si le réel venait me caresser de tout son être. Corps contre corps.  Je ne crois pas à la perfection, mais à la fragilité, la violence, la beauté de l’instant.

 

Tomasz Kaniowski

 

 janvier 2017

 

 

 

 

Des dizaines d’images qui se suivent, sans rupture, sans frontière, sans cadres, sans logique autre que d’être là. Des rencontres improbables, des histoires qui n’en sont pas, qui naissent et qui disparaissent. Des visages, des villes, on les regarde et ils nous regardent. La présence de l’image, la présence par l’image. La vie suit son cours, nous n’en voyons qu’un bout, qu’un instant. Un flot d’images, autant d’expériences. Un début mais pas vraiment de fin, tant qu’on est là, tant que je suis là. Rêve ou réalité ? Peut-être les deux à la fois. Pas de fin à la faim de voir et de faire voir. La vie comme expérience.

 

Tomasz Kaniowski

 

2009

 

 

 

 

 

 

 

(…)

 

Tomasz KANIOWSKI est un admirateur inconditionnel de la peinture de El Greco, Caravage ou Goya, ainsi que, plus proches, de Philippe Guston ou Jackson Pollock. Mais alors que ces derniers montrent souvent la folie humaine, avec beaucoup de réalisme et un message immédiat aux couleurs vives ou alors des formes dures et à l’énergie débordante, Tomasz cherche à ouvrir des portes, des fenêtres, voire des cages, sans rien dire lui-même.

 

Pour Tomasz, le peintre ne sait jamais rien de ce que cherche, ou plus généralement par qui et comment son travail sera regardé. La peinture doit permettre de se trouver soi-même et c’est la banalité voulue qui nous détache de contingences matérielles, des urgences et de leurs hiérarchies, de décisions à rationaliser, de l’interprétation.

 

Pour Tomasz, en chacun de nous existe une intuition, une magie qu’il faut réapprendre à écouter puis à entendre. Une forme d’intelligence du cœur et des émotions.

 

Tomasz ne donne pas des titres à ses peintures, il n’en parle pas.
Parfois, il crée des séries dont les images fonctionnent comme un assemblage de couleurs. Son objectif est de permettre à celui qui se laisse aller à regarder sa propre histoire de se retrouver avec soi-même.

 

Finalement, la peinture de Tomasz se veut comme une caresse pour toucher puis apprivoiser les cœurs et âmes meurtries par toutes les images de la folie des hommes. Tomasz le fait avec une infinie modestie, tant il s’efface de son œuvre, à laquelle il a consacré tant de soin et d’instinct car, ce qu’il cherche, c’est que nous redialoguons avec nous-même. Et pourquoi ne pas donner vie à cette petite voix si souvent enfermée ou oubliée.

 

 

Bertrand Scholler

Directeur de la galerie 55Bellechasse, Paris, 7ème

Septembre 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le regard est toucher ». (sur la peinture de Tomasz Kaniowski)

 

Un jour, j’ai entendu Tomasz dire en discutant sur la peinture : « le regard est toucher ». Sa réception physique du tableau, de sa possession est en même temps passionnément subtile. Si on regarde en arrière les thèmes qu’il peint une chose vient à l’idée : la vie de l’homme, ses instants, le voyage qu’il accomplit, la route qu’il entreprend, l’instant du toucher de la vie. Moi je les regarde et je n’y vois pas seulement notre vie, mais la vie. Cette vie que Tomasz aime tellement. Son obstination à arrêter le beau. Pas beaucoup d’artistes expriment l’instant et le beau de manière aussi évidente, qu’ils deviennent une partie de la vie de chacun de nous. Des instants qui sont si naturels, qu’on n’y réfléchit plus. Ils ne sont pas inventés, rendus bizarre, ni stylisés. Comme chez Hopper et Morandi chez Tomasz Kaniowski nous accompagne depuis toujours la banalité du sujet, la simplicité  de la prise de vue, l’évidence qu’au premier abord nous rejetons. Car aujourd’hui les gens cherchent des choses de plus en plus étranges, choquantes, qui les dépassent. Avec le temps, nous comprenons que les tableaux de Tomasz nous surprennent par le ressentie de la banalité, que nous ne voulons pas admettre, mais à laquelle nous aspirons en silence dans notre intimité. Plus nous les regardons, plus nous avons envie de connaître la suite. Ce morceau d’histoire de peinture qui nous enchante et nous surprend, comme la vie.

 

Aleksandra Czuja

 2014

 

 

 

 

 

 

 

Aller dans le poème
(extraits, autour du travail de Tomasz Kaniowski)

"C’est un rebord de fenêtre éclairé par la lumière d’un couchant, un trait jaune un peu orangé qui s’est allongé de toute son épaisseur sur un morceau de ciment rectiligne. Un peu plus loin la lumière a traversé l’espace et s’est déposée sur le pan d’un mur intérieur. Le mur est lumineux, une étrange lueur l’habite qui ne vient ni de la pierre ni du soleil mais qui vient en même temps que vient la lumière épousant la pierre et sa géométrie. Laissé ainsi, sans regard, sans personne pour le voir, cet intérieur au soleil couchant continuerait d’exister  mais tomberait dans l’indifférence. Pourtant c’est de cette indifférence que naît la poésie en tant que regard qui vient toucher le-monde-seulement-existant, toucher la lumière qui embrasse le rebord en ciment et s’étale dans chaque recoin de l’espace qu’elle traverse. Alors naît le poème. Un poème balbutiant aux mots encore étouffés par le silence des choses, des bribes maladroites échappées des lèvres, une langue labile dont le flottement annonce la parole à venir. (…)

Alors la lumière arrive. Alors le poème se met à scintiller sur un rebord de fenêtre, sur un éclat de vitre, sur un reflet de visage ou un amas de chair pris dans un clair-obscur. Oui, le poème vient n’importe où, n’importe quand, lorsqu’on se met à habiter les choses. (…)

Les fenêtres : elles ne font pas voir ce qui se tient au dehors. Elles ne délimitent pas le monde mais le font transparaître au regard. Ce sont des tableaux dont le cadre n’est là que pour mieux circonvenir notre propre corps. Ce sont des oculi, des yeux, des « paysages empruntés »  comme disent les Japonais qui n’ouvrent sur aucun autre horizon que celui qui vient à nous. Le désir, l’imaginaire, l’attente s’invitent parfois sur leur rebord. Je pense à ces visages que l’on voit parfois accoudés sur la rambarde d’un balcon, à cette femme accolée contre un mur surgissant d’un tableau de Hopper ou à cet homme fumant sur une terrasse le regard ailleurs et distrait. Ces hommes et ces femmes sont peut-être en train de penser ou d’imaginer leur vie à moins que leur pose, leur manière d’être là, ne fasse qu’épouser l’espace dans lequel ils sont. Ce sont des êtres balbutiants qui se mettent à éprouver le-monde-seulement-existant. (…)

Alors il n’y a plus qu’à écouter, regarder et se mettre à rêver. Rêver à travers la vitre d’un train, rêver ce paysage qui défile telle une traînée de peinture un peu abstraite ou bien devant cette aquarelle aux couches transparentes et liquides qui semble décalquer le paysage qu’elle nous montre. Car il faut peut-être dire les choses ainsi :

L’art n’est pas le monde, l’art est le sentiment du monde qu’on rêve."


Ludovic Iacovo, Ecrivain.
Vauvenargues, Mai 2013

 

http://ludoviciacovo.wordpress.com/

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher Tomasz Kaniowski

 

(…)

 

Je connaissais déjà l’intérêt de votre travail sur l’image qui s’affirme dans le double mouvement d’une pratique et d’une pensée picturale. En assurant le commissariat de votre récente exposition à la Médiathèque du Cannet des Maures, j’ai pu approfondir votre démarche sur le jeu et l’expérience des regards sur cette narration induite qui modifie la perception du spectateur.

 

Vous menez également une réflexion sur le cadre, sur la présence de la peinture devenant image en se confrontant au réel et à l’imaginaire. Vous jouez très habilement sur la dialectique exprimée en son temps par Jean-Luc Godard : juste une image/une image juste. Tout en s’inscrivant dans le vaste courant du renouvellement de la figuration qui s’épanouit depuis les années 60 du XX siècle, vous manifestez ainsi un point de vue original et percutant. (…)

 

Robert Bonaccorsi      

2009                                                                                                            

Directeur de Villa Tamaris centre d'art, La Seyne-sur-mer.

 

 

 

 

 

 

 

(…)

 

Tomasz propose à voir. En s’inspirant de ses propres travaux photographiques il récré une image picturale ou dessin et matière sont mis en exergue. Tomasz présente des images de vie sans réel engagement politique ni volonté de proposer une vision du monde particulière. C’est sont univers, son intimité que le peintre cherche à montrer. La construction fragmentée de ses images peintes rappelle le rythme du monde et introduit du temps dans l’espace plastique. Le temps de la vie celui des instants quotidiens. Des instants projetés par différentes fenêtres qui permettent au spectateur, à la manière des portes de rentrer et de sortir de l’œuvre. En jouant sur ces différents temps celui du vécu et celui plus actualisé de la contemplation de l’œuvre d’art, Tomasz se pose en passeur cherchant à lier l’art et la vie, de la vie dans l’art ou de l’art dans la vie. Une mise en abyme voulue comme un questionnement sur ce que doit être la production et la contemplation artistique. (…)

 

Elisa Farrant , 2009                                                                                                                                  

Directrice du Musée Estrine, St-Remy-de-Provence.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tomasz Kaniowski offre dans sa peinture un saisi du quotidien, qui est confronté avec la matière de la peinture et une vision très personnelle des choses. Une réflexion sur le cadrage, le motif à voir, la relation entre image à représenter et matière picturale sont à l’origine des ses dernières séries de peintures.

 

La peinture de cet artiste ne se limite pas aux problèmes formels. Il insiste sur le fait que la peinture n’est pour lui qu’un moyen de s’exprimer et qu’il ne veut pas se laisser enfermer dans ce medium. Par la thématique très personnelle il veut paradoxalement être près du spectateur. Lui parler de ses réflexions sur un monde dans lequel nous essayons tous de nous retrouver.

 

Patrick Monges, 

Directeur de la galerie Susini

Aix-en-Provence, 2006    

 

 

 

 

 

 

 

(…)

 

Ce qui caractérise ce jeune peintre c’est son envie d’être en mouvement, de se remettre en question. Sa peinture est en évolution. Malgré des assises solides, acquises dans l’Académie des Beaux Arts de Varsovie, en Pologne, et riche (compte tenu de son jeune âge) expérience artistique (nombreuses expositions, voyages artistiques), il recherche de nouvelles voies, - « l’essentiel est la quête pas le but, même s’il existe quelque part, le chemin, la route… » - dit-il. Cet état particulier de « peintre en voyage » lui permet de prendre de la distance par rapport à la réalité qui n’est pas un « chez soi », et de découvrir des champs inconnus de sa propre sensibilité, puisqu’il s’accompagne d’une envie de voir, sentir, et saisir.

 

Tomasz Kaniowski passe dans son évolution de l’art informel à la peinture figurative à travers laquelle il exprime sa recherche de l’harmonie. La lumière dans son œuvre joue un rôle primordial puisqu’elle influence nos états émotionnels. Elle est le facteur qui différencie le monde. Les clairs-obscurs sur ses toiles expriment paradoxalement les tensions que l’on peut ressentir face à la nature et également un désir de l’équilibre y existant, que l’homme a du mal à percevoir. Kaniowski éternise l’instant qui l’avait séduit par la beauté de la lumière dans un monde marqué à jamais par l’action de l’homme. Son discours n’est pas moralisateur, il donne à voir en zoomant, en multipliant des vues que nous pouvons imaginer être des icônes d’un écran d’ordinateur qui promettent l’accès à une image agrandie. Cette démarche est probablement temporaire puisque l’artiste se veut un peintre en voyage et son regard évolue au fur et à mesure de ses expériences, riches et à la fois éprouvantes. Ces dernières toiles, frappantes par leur force d’expression, explorent les sentiments les plus cachés – c’est un nouveau voyage… intérieur.

 

Marta Foltzer,

historien d’art

janvier 2006